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Introduire l’espace en démographie
La démographie qui s’est longtemps préoccupée du temps, aussi bien historique qu’individuel, laissait largement de
coté ses aspects spatiaux. Dès 1968 j’entrepris d’étudier la mobilité et les rapports entre l’homme et son espace vécu ,
dans une approche spatio-temporelle synthétique, indispensable pour ces phénomènes.
•
La mobilité dans le temps
Une
étude
théorique
à
partir
de
données
observées,
conduit
au
modèle
migrants-migrations,
mis
en
place
après
une
étude
détaillée
de
la
mobilité
dans
divers
pays.
Il
fournit
un
cadre
général
pour
approcher
la
mobilité
dans
ses temps et espaces multiples.
Les
paramètres
qu’il
estime
permettent
une
comparaison
des
migrants
mesurés
sur
des
périodes
différentes
dans
des
pays
différents
Ils
permettent
également
de
comparer
les
différentes
mesures
du
phénomène
:
migration
(événement),
migrants
(individu
mesuré
par
une
question
du
recensement
sur
la
résidence
à
une
date
antérieure),
dernier
migrant
(événement-
individu),
et
de
donner
une
vue
d’ensemble
de
la
mobilité
dans
un
pays
selon les sources utilisées.
•
La mobilité dans l’espace
Simultanément
à
cette
mobilité
dans
le
temps
il
est
nécessaire
de
la
considérer
dans
l’espace.
De
nombreux
modèles
spatiaux
ont été utilisés pour représenter la répartition de la population sur le territoire et les migrations entre mailles.
Une
étude
à
la
fois
théorique
et
pratique,
à
l’aide
de
données
observées
dans
un
grand
nombre
de
pays
du
monde,
nous
a
permis
de
dégager
des
paramètres
complexes
à
définir
mais
simples
à
mesurer,
qui
résument
correctement
ces
flux
de
mobilité
interne indépendamment du découpage du territoire.
Cette approche a été utilisée et reprise dans de nombreux travaux de Larry Long, John Long, Beryl Nicholson, Thomas Le Jeannic,
Brigitte Baccaïni, Jacques Ledent, etc.
Cette
comparaison
a
été
étendue
à
un
grand
nombre
de
pays
par
Larry
Long
et
à
des
comparaisons
internationales
dans
une
étude
du
Conseil
de
l’Europe
de
Philip
Rees
et
Marek
Kupiszievski.
Il
est
également
nécessaire
d’utiliser
d’autres
types
de
découpage
du
territoire,
en
zones
urbaines
par
exemple.
L’étude
des
migrations
internationales
est
plus
complexe
et
fait
intervenir
de
façon
plus
importante l’effet des politiques migratoires, et d’autres phénomènes.
•
Migrations et génétique de population
Les
modèles
de
génétique
de
population
ont
connu
un
essor
considérable
avec
les
travaux
de
Gustave
Malécot.
Alors
qu’il
avait
travaillé
essentiellement
à
partir
des
coefficients
de
parenté,
j’ai
introduit
des
modèles
stochastiques
faisant
ntervenir
la
migration
continue
au
cours
du
temps.
Ces
modèles
montrent
qu’il
existe
une
solution
d’équilibre
vers
laquelle
vont
tendre
les
fréquences
géniques des diverses populations.
Ces
travaux
ont
été
repris
plus
récemment
par
Jarle
Tufto
pour
estimer,
dans
l’autre
sens
la
matrice
de
migration
qui
conduit
à
une
distribution
donnée
des
fréquences
des
gènes.
Le
modèle
est
suffisamment
général
pour
s’appliquer
à
des
populations
quelconques,
aussi bien humaines, qu’animales ou végétales.
•
Relier les migrations aux réseaux de relation
L’étude
des
réseaux
de
relations
vient
replacer
l’individu
dans
un
espace
non
plus
seulement
géographique
mais
aussi
social.
Les
enquêtes que j’ai menées permettent l’analyse des comportements de groupes situés dans un espace concret,
rural
ou
urbain.
Ainsi,
au
lieu
d’utiliser
un
échantillon
classique,
représentatif
de
la
population
nationale,
j’ai
choisi
de
prendre
la
population
de
diverses
communautés,
en
vue
de
mettre
en
évidence
les
réseaux
complets
qui
s’y
tissent.
Cela
rend
possible
une
étude
poussée
des
divers
réseaux
de
relation,
dont
on
peut
comparer
la
répartition
spatiale
à
celle
des
migrations
faites
par
cette
même population.
Ce
travail
a
pu
être
prolongé
par
Michel
Forcé
et
Alain
Degenne,
grâce
à
l’utilisation
de
la
théorie
des
graphes,
qui
permet
l’analyse
de
ces
réseaux.
Cela
fournit
une
méthodologie
nouvelle
pour
analyser
l’extension
d’une
épidémie,
la
diffusion
d’une
innovation,
la
recherche d’un emploi, l’homogamie des mariages, les migrations individuelles, etc.
•
Des modèles non linéaires de projections avec migration
Les
modèles
de
projection
classiques
conduisent
à
des
populations
stables
ou
stationnaires,
en
utilisant
des
taux
d’émigration.
Or
de
nombreuses
études
montrent
que
les
migrations
dépendent
autant
de
la
population
d’origine
que
de
celle
de
destination.
L’utilisation
d’indices
d’intensité
migratoire
conduit
à
des
modèles
non
linéaires
de
projection,
d’un
type
totalement
différent
des
précédents.
Ces
projections
n’aboutissent
plus
à
des
populations
stables,
mais
à
des
populations
à
variation
cyclique
ou
même
chaotique, bien que le modèle soit parfaitement déterministe.
Ces
modèles
non
linéaires,
en
conduisant
à
des
solutions
instables,
posent
un
problème
important
en
sciences
humaines
que
différents chercheurs ont examiné : Noël Bonneuil, Nico Keilman, Didier Blanchet, Gustav Feichtinger, etc.
•
Une vue d’ensemble de la mobilité
Rassemblant
ces
diverses
approches,
des
travaux
de
synthèse
et
deux
manuels
de
l'Ined
ont
été
rédigés,
qui
posent
et
essayent
de
résoudre
l’ensemble
des
problèmes
de
définition,
de
mesure
et
d’analyse
de
la
mobilité
spatiale
sous
toutes
ses
formes.
Ils
ont
été
repris dans nombre de manuels plus généraux de Ronald Skeldon, Henri Léridon et Laurent Toulemon, Michel Dûpaquier, etc